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Les
gouaches napolitaines nous replongent au coeur des habitudes
touristiques anglaises et françaises du XIXème s. L'Italie est alors
une destination de choix pour l'aristocratie et la grande bourgeoisie.
Avec les redécouvertes de Pompéi en 1763 et Herculanum en 1738, le
Vésuve a exercé sur les touristes du XIXème s une grande fascination.
Qu'est ce que le Grand Tour ?
A
l'origine du terme "touriste", il existe une pratique qui naît, en
Europe du Nord, au XVIIème s et trouve son apogée aux XVIIIème et XIXème
s, il s'agit du Grand Tour, appelé également Tour du Chevalier. Il
s'agit, à l'origine, pour les jeunes aristocrates de se former aux
pratiques militaires, diplomatiques et intellectuelles dans des pays
étrangers tels que la France, l'Allemagne, la Suisse et principalement
l'Italie. Viendront par la suite la Grèce et l'Asie Mineure. Au XVIIIème
s et surtout au XIXème s, le Grand Tour sera surtout le fait
d'amateurs d'art, de collectionneurs ou d'artistes comme Goethe,
Turner, Lord Byron, venus redécouvrir le passé artistique de l'Italie
afin de mieux nourrir leur art.
Le
Grand Tour est l'apanage de l'aristocratie, il permet de faire étalage
de ses moyens financiers, de sa culture et de réseau social étendu
au-delà même des frontières de sa patrie. Il permettait également de se
forger une culture commune : on pouvait alors échanger entre gens bien
nés des histoires et des anecdotes sur des lieux touristiques que tous
avaient visités. Cette mode est tout d'abord née en Angleterre, puis
s'étendra à la France et l'Allemagne.
En
Italie, les étapes nécessaires sont alors Florence, pour y admirer les
oeuvres de la Renaissance, Rome, pour son passé antique, et Naples,
proche de laquelle ont été redécouverts les sites de Pompéi et
Herculanum et qui fascinent les touristes de l'époque.
Tableaux,
objets d'art, antiques, copies d'antiques sont alors exportés de
manière prodigieuse; On se fait également portraituré par les artistes
en vogue comme Pompeo Batoni. Le tableau ci-dessous de Johann Zoffani
nous montre l'attrait énorme qu'exerçaient l'Antiquité et l'Italie sur
les amateurs d'art du XIXème s, qui commanditaient alors des artistes
pour acheter, en Italie ou en Grèce, de véritables antiques ou en faire
des copies. Cette oeuvre représente Charles Towneley, dans sa résidence
de Park Street, à Londres, au milieu de sa collection. Il ramena
d’Italie beaucoup d’antiques et les déposa dans sa demeure de Park
Street, avant que ceux-ci soient rachetés par le British Museum en 1783.
On peut notamment voir, au premier plan, le Discobole, rajouté a
posteriori car découvert en 1790.
La
mode du Grand Tour, à part une petite résurgence durant la
Restauration (1830-48), prendra fin avec la Révolution Française et le
Premier Empire, du fait des troubles qui secouent alors le continent et
incitent les aristocrates anglais à rester dans leur patrie.
Pour
en revenir à nos gouaches napolitaines, il s'agit plutôt de ce que
l'on pourrait qualifier de "peinture-souvenir". En effet, avec
l'émergence du tourisme en Italie, des peintres se spécialisent dans
des vues d'Italie, à l'instar de Canaletto, pour ne citer que le plus
connu, qu'ils vendent à une clientèle de passage. L'utilisation de
l'aquarelle ou de la gouache répond donc à la nécessité d'exécuter des
oeuvres plus rapidement et en plus grand nombre, mais permettent
d'introduire plus de naturalisme.
De
grands peintres comme Achille Etna Michallon prennent l'éruption
Vésuve comme sujet, témoignage de la force de la nature et sujet de
prédilection pour la peinture du Sublime.
La
gouache est encadrée de noir, elle porte en mention manuscrite du jour
et l'année de l'éruption représentée, le plus souvent celles de 1794,
1810 et 1822. On en trouve de deux tailles différentes : environ 40 cm
par 30 et destinées à être encadrées, ou bien des plus petites, 10-15
cm par 5-10, destinées à être mises dans des albums. Elles sont d'une
facture assez naïve et figurent des vues de jour ou de nuit de
l'éruption, mais aussi des vues de Naples et de ses environs.
Pour aller plus loin :
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